Nous nous connaissions depuis l’enfance. À l’école, on nous voyait toujours ensemble, comme si nous étions liés par des fils invisibles. Les professeurs plaisantaient en disant que notre destin était scellé : en grandissant, nous nous marierions. Et nous le croyions aussi.
Les années ont filé rapidement. Nous avons terminé l’école, et il a été appelé sous les drapeaux. Cette séparation semblait interminable, mais je lui ai promis d’attendre. Je lui écrivais de longues lettres, y versant tout mon amour et ma foi en notre avenir.
Mais quelques mois avant son retour, j’ai reçu cet appel. Sa voix était étrangement froide, presque étrangère :
— Pardon. J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Nous ne pouvons plus être ensemble.
Ce moment a bouleversé ma vie. Le monde est devenu gris, le temps s’est figé. Je tentais de comprendre ce qui avait mal tourné, quelle était mon erreur.
C’est alors qu’il est apparu – Artém, fils de parents fortunés. Il appartenait à cette « jeunesse dorée » de notre petite ville : belles voitures, costumes élégants, assurance en chaque mot.
Mais sous cette façade, il cachait une âme pleine d’amour et de dévouement. Il m’a soutenue, m’a encouragée à repartir à zéro. Un jour, j’ai pris une décision : pourquoi pas ?
Je l’ai épousé, plus par dépit que par amour. Le mariage était somptueux, tout ce dont une fille pouvait rêver. Mais en moi, il n’y avait que du vide.
Les années ont passé. Et j’ai découvert que cet appel était un mensonge. Mon premier amour n’avait pas trouvé une autre. La vérité était bien plus cruelle : il avait perdu un bras dans un accident.
Il ne voulait pas que je sois liée à un homme qu’il pensait incapable de me rendre heureuse. Il avait préféré disparaître de ma vie.
Quand j’ai appris la vérité, j’étais déjà mariée à Artém et enceinte. Il était trop tard pour changer quoi que ce soit.
La vie dans ma nouvelle maison était loin d’un conte de fées. Ma belle-mère ne m’aimait pas dès le premier jour et ne ratait aucune occasion de m’humilier.
Quand notre enfant est né, les accusations ont commencé :
— Ce n’est pas notre petit ! Il ne ressemble même pas à Artém !
Supporter ces humiliations est devenu insupportable. Un jour, j’ai compris que je ne pouvais plus vivre ainsi. J’ai pris une décision qui me semblait impossible : revenir vers celui que j’avais toujours aimé.
Quand je l’ai revu, j’étais aussi nerveuse que la première fois :
— Emmène-moi. Je veux être avec toi.
Et il l’a fait. Nous sommes partis loin, pour recommencer à zéro. Aujourd’hui, nous avons trois enfants, une maison chaleureuse et une famille heureuse. Parfois, j’ai l’impression que toutes ces épreuves n’ont fait que renforcer notre amour.
