Après la fin de mon mariage avec la personne que j’aimais, j’ai écrit une lettre pleine de gratitude pour tout ce que nous avons vécu ensemble.
La voici :
« Mon cher, nous avons traversé tant d’épreuves durant ces quinze années. Dans la joie comme dans les difficultés, dans la peine et dans le bonheur, j’ai toujours été à tes côtés, cherchant à te soutenir. Et même si notre histoire est désormais terminée, je veux ne garder en mémoire que le meilleur.
Tu m’as appris la persévérance et la détermination. Au lieu de me plaindre des difficultés, j’ai appris à les affronter sans stress inutile. J’ai toujours cherché à résoudre les problèmes par moi‑même pour ne pas t’alourdir de mes inquiétudes.
Tu as été mon premier professeur en médecine. Je n’oublierai jamais comment tu refusais les piqûres, et comment j’ai dû, en plus d’être ta femme, prendre le rôle d’infirmière. Lorsque je t’ai vu perdre connaissance devant une seringue, je n’ai pas hésité à tout prendre en charge.
Tu m’as appris les travaux domestiques. J’ai appris à faire de petites réparations, et désormais aucun dégât ne me fait peur. Toi, tu rentrais souvent chez nous fatigué, oubliant ces tâches, et c’est toujours moi, munie de mes outils, qui m’en occupais.
Tournevis et marteau sont devenus mes fidèles compagnons, et j’ai compris que je saurais faire face à toute situation, même si j’étais seule.
Tu m’as enseigné la confiance en moi et l’assurance. J’ai appris à résoudre les conflits de voisinage, à payer les amendes et à rédiger des lettres d’explication.
Au fait, te souviens‑tu de l’apprentissage de la conduite ? On t’avait retiré ton permis, et j’ai dû maîtriser la voiture en quelques jours pour aller te chercher à ces soirées dont tu revenais souvent dans un état pitoyable.
Je suis reconnaissante d’avoir toujours été en mouvement grâce à toi. Tu préférais rester allongé sur le canapé, mais j’ai porté des sacs lourds de courses et labouré le jardin, car tu refusais obstinément de t’y mettre à cause de ton doigt douloureux.
Tu m’as rendue polyvalente. Quand il fallait gagner notre vie, j’ai exercé les métiers les plus variés pour pourvoir aux besoins de notre famille.
Enfin, je veux te remercier de t’en être allé. Tu pensais que je ne te comprenais pas, et tu es parti en claquant la porte. Mais, pour être honnête, j’ai ressenti un immense soulagement quand tu t’es éloigné. C’était le moment où j’ai enfin pu respirer librement.
Merci pour tout. Je suis reconnaissante pour l’expérience que tu m’as offerte et pour tout ce que j’ai appris grâce à notre temps passé ensemble. »
