Je rêve de demander le divorce, je ne veux plus rester aux côtés de ma femme. Depuis un an, je n’arrête pas d’y penser. Nous sommes mariés depuis dix-huit ans, nous nous sommes unis alors que nous étions très jeunes. Nous nous aimions beaucoup, mais l’amour s’est évaporé depuis longtemps. Aujourd’hui, seule la présence de notre enfant commun nous retient ensemble. Or notre fils est presque adulte. Je ne pense pas qu’il ne puisse pas comprendre.
Ma femme ne voulait pas avoir d’enfants. Elle disait que je gagnais trop peu. À la télévision, on voit souvent des reportages familiaux où des épouses harcèlent littéralement leurs maris à cause de leur faible revenu. Je ne comprenais pas que c’était également mon histoire. Mais ces derniers temps, j’ai commencé à remarquer certaines choses, comme si j’avais enfin ouvert les yeux.
Il n’y a pas longtemps, trois nouvelles familles ont emménagé dans notre rue. Avant, il était rare de trouver un voisin qui ne soit pas un ivrogne, mais désormais tout a changé. Par rapport à nos anciens voisins, ma famille me semblait parfaite — et nous n’avions personne d’autre pour comparer, car nous ne fréquentons presque personne, même pas la famille.
Puis nous avons fait la connaissance de ces nouveaux voisins, qui ont commencé à venir nous voir régulièrement. Nous nous sommes vite liés d’amitié.
J’ai alors noté quelque chose d’étrange chez eux : leurs épouses ne disaient jamais un mot négatif sur leurs maris, du moins en public. Ma femme, en revanche, m’humilie devant n’importe qui — parfois elle me crie même dessus. Ce n’est pas anodin, mais le plus surprenant, c’est qu’en dix-huit ans je n’avais jamais rien vu de tel. Bien sûr, nous pouvons nous disputer chez nous, mais en public…
Des inconnus voient comment elle me parle et me crie dessus. Est-ce normal ? Suis-je en train de dramatiser ? Ma femme répétait à tout le monde que j’étais un pauvre type, qu’elle soutenait la famille presque seule, que je n’avais rien accompli dans ma vie, pas même réussi à mettre de l’argent de côté pour l’université de notre fils. Elle prétendait être celle qui avait rénové notre appartement — selon elle, elle faisait tout pour nous. Mes mérites n’étaient jamais mentionnés. Peut-être ne le remarquais-je pas avant parce que nous n’avions vraiment de relations avec personne.
En réalité, je gagne près de quatre-vingt-dix mille par mois, et je verse tout mon salaire à ma femme, je ne cache rien. C’est elle qui gère nos finances. L’été, je reçois des indemnités de congés équivalentes à environ trois salaires. C’est une somme non négligeable. Nous économisons depuis longtemps pour les études et le mariage de notre fils. J’ai acheté la maison, remboursé l’hypothèque pendant neuf ans et financé les travaux de rénovation par un prêt que j’ai déjà remboursé.
Pourtant, nous nous disputons presque tous les jours à cause de l’argent. Le salaire de ma femme n’est que de trente mille, et je n’ai aucune idée de ce qu’elle fait de cet argent, elle ne m’en rend pas compte. J’ai l’impression que sa voix elle-même a changé, ce n’est plus celle que j’ai connue au début. Je n’aime plus l’entendre. Je n’ai plus envie de lui parler ou de la toucher. Au moindre désaccord, c’est toujours moi le fautif. Elle me reproche tout, je fais tout de travers, et elle a toujours raison — telle semble être la loi.
Nous avons été autrefois les personnes les plus proches et les plus intimes, mais maintenant… tout en elle m’irrite. Je ne peux rien faire contre mes sentiments, et elle ne m’aide pas en déclenchant sans cesse des disputes. Comment ressentir autre chose que de la colère ?
Toutes les femmes que je connais — principalement au travail — se comportent autrement : elles sont courtoises, avenantes, sans comparaison possible. Pourquoi ma femme ne fait-elle pas de même ? Ne m’aime-t-elle pas ? Parfois j’ai l’impression de ne pas vivre ma vie, mais celle de quelqu’un d’autre. C’est une sensation très étrange et désagréable.
Je n’ai pas encore décidé comment agir dans cette situation. J’aime toujours ma femme, malgré tout ce qui m’agace chez elle, mais notre relation me tue. Je n’en peux plus.
