Il y a quelques mois, j’ai donné naissance à un petit garçon. Ce n’était pas mon seul enfant — j’ai aussi une fille de sept ans.
Après la naissance du bébé, ma belle-mère est devenue… différente. Elle venait chez nous chaque jour, se mêlait de tout, me disait comment coucher le bébé, comment le nourrir, comment le laver. Selon elle, je faisais tout de travers. Et si j’osais la contredire, elle se mettait à crier, à faire des scènes, à bouder et à monter son fils contre moi.
Ma fille me disait parfois des choses que je ne prenais pas au sérieux à l’époque :

— Maman, est-ce que grand-mère nourrit bien le petit frère ?
— Maman, elle le serre très fort, il a peut-être mal ?
J’étais épuisée, irritée, je dormais à peine deux heures par nuit, et je ne prêtais pas attention aux paroles d’un enfant.
Mais…
Un matin, je me suis réveillée pour allaiter mon fils, et j’ai vu avec horreur qu’il ne respirait plus. Ses lèvres étaient bleues, sa peau froide, son petit corps inerte.
J’ai crié, j’ai appelé les secours, mais il était trop tard.
Les médecins ont parlé du syndrome de mort subite du nourrisson.
« Ça arrive », ont-ils dit. Ça arrive…
Ma belle-mère est arrivée la première. Elle pleurait plus fort que tout le monde, serrait son fils dans ses bras comme si c’était elle qui avait perdu son enfant, pas moi. Moi, je restais là, comme une ombre.
Pendant les funérailles, alors que le petit cercueil blanc descendait dans la terre, ma belle-mère a soudain levé la tête et a dit à voix haute :
— Mon petit-fils est parti parce qu’il avait une mère pareille.

Ses mots m’ont transpercée. J’étais déjà rongée par la culpabilité, mais l’entendre d’elle… c’était insupportable.
Et là, ma fille, qui se tenait à côté de moi, a levé les yeux et a dit doucement :
— Maman, je peux dire ce que faisait mamie avec le petit frère ?
Un silence total. Je me suis agenouillée, et elle a continué :
— Quand tu n’étais pas là, mamie venait toujours prendre le petit frère. Elle disait qu’il était trop attaché à toi, que les vrais enfants devaient écouter leur grand-mère. Parfois, elle ne le nourrissait pas exprès, elle disait que ça le rendrait plus fort. Et quand il pleurait, elle le serrait très fort et le secouait, disant qu’il faisait des caprices.
Ma fille a baissé les yeux avant d’ajouter :
— Une fois, elle lui a mis un oreiller sur la bouche. Elle a dit qu’il devait apprendre à se taire. J’ai eu peur et j’ai voulu t’appeler, mais elle a dit que si je parlais, elle m’emmènerait loin et que je ne te reverrais jamais. Après ça, le petit frère toussait longtemps.

Mes jambes ont cédé. Les gens autour étaient livides, certains pleuraient.
Ma belle-mère, tremblante, a crié :
— Elle ment ! Ce ne sont que des histoires d’enfant !
Mais sa voix tremblait, ses yeux fuyaient — et tout le monde a compris.
