« — Madame, que faites‑vous dans ma maison ? » demanda Nina, surprise.

Nina, à qui les médecins prédisaient encore il y a six mois une mort imminente, sort de l’hôpital avec la tant attendue lettre de sortie : la terrible maladie est vaincue. Sur le seuil de sa maison natale, une douce brise printanière l’accueille — une première bouffée de liberté et de joie depuis de nombreux mois. Le chant des oiseaux, la nature qui s’éveille et la tendre verdure des bourgeons lui rappellent que la vie renaît et que chaque cellule de son corps bénéficie d’une seconde chance.

Pendant ces sept mois passés à l’hôpital, Nina a eu le temps de repenser à bien des choses. Elle a pensé à ceux qu’elle avait blessés en ne restant ni dans la joie ni dans la peine : son mari Denis, qui a cessé de lui rendre visite en apprenant le pronostic sans espoir ; son ami d’enfance Zakhar, dont elle avait jadis rejeté l’affection juvénile ; la voisine Galina, à qui elle avait, avec douleur et reproche, refusé un morceau de pain ; et sa tante Valya, chez qui elle n’avait pas permis à son mari de réparer la machine à laver. Aujourd’hui guérie, Nina est déterminée à réparer ses erreurs : demander pardon à tous ceux qu’elle a blessés et repartir à zéro.

Elle se souvient de son enfance sans mère — celle qui était partie quand elle n’avait pas encore six ans — et de son père, chauffeur routier décédé en service. Elle a grandi largement seule, éprouvant vide et confusion. Dans son premier grand amour avec Denis, elle trouva un soutien : ils se marièrent et vécurent huit ans ensemble, sans penser à l’avenir ni aux enfants. Nina croyait que leur bonheur à deux suffisait et que les soucis de demain pouvaient attendre. Mais la maladie brisa cruellement ces plans.

Arrivée chez elle en taxi, Nina découvre non pas un foyer en ruine, mais des inconnus : le jeune couple Andrej et Alenouchka, que Denis, semble-t-il, a installés dans leur maison. D’abord, elle pense à une trahison : douleur et colère l’envahissent. Mais bientôt Galina lui explique que son mari ne l’a pas abandonnée, mais s’est retrouvé en prison : dans un élan, après avoir entendu des rumeurs sur sa mort prochaine, il a frappé l’offenseur et, emporté par l’émotion, a brisé la mâchoire du mari de Galina. Pour ce geste, il a été condamné à un an, et il ne lui restait plus que quelques semaines à purger.

Nina se rend au commissariat pour obtenir des détails, puis se précipite à la gare où elle aperçoit enfin Denis, en tenue de travailleur pénitentiaire. Elle se jette dans ses bras, versant des larmes de bonheur et de soulagement. Il avoue qu’il a prié chaque jour pour sa santé dans la chapelle de la colonie et n’a jamais supporté l’idée qu’elle ne revienne pas.

Dans les jours qui suivent, Nina tient enfin ses promesses : elle rend visite à Zakhar, lui demande pardon pour sa froideur ; apporte des douceurs à Galina et la remercie pour sa bonté ; offre un châle chaud à sa tante Valya et partage un thé avec des tartes, renouant leur amitié ; et pardonne aussi à Andrej et Alenouchka pour l’hébergement provisoire, comprenant que grâce à eux sa maison a conservé sa chaleur.

Un an passe : Nina et Denis se réveillent dans leur maison de campagne. Les premiers rayons du soleil l’atteignent au chevet de son mari — elle le réveille d’un tendre baiser et lui murmure : « Nous allons bientôt devenir parents ». Leurs mains s’entrelacent, et la joie qui emplit la pièce rend ce nouveau départ vraiment inestimable. Nina sait désormais : il faut chérir chaque instant, cultiver l’amour et ne pas craindre de demander pardon. Cette grande victoire sur la maladie marque le début d’une vie nouvelle, pleine de sincérité et de lumière.

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